Moi c’est Dick, fantôme lié à Sybille, une médium puissante qui vient de découvrir ses pouvoirs. Avec sa meilleure amie la morue, un hacker et un flic, on s’est embarqués dans une quête pour déjouer un complot magique de grande envergure dont son chéri, Dimitri un Mage paria, est victime. Mais on a beau tirer un fil, la pelote n’en finit pas !
Là, on se retrouve en Louisiane avec des découvertes et des rebondissements dans tous les sens ! Franchement, dès qu’on trouve une réponse, cela apporte un nouveau lot de questions ! De quoi en manger mon Borsalino, Grrrrr !
Nom d’un caïd, mais qui se cache derrière tous ces meurtres depuis cent-vingt ans ?
Arriverons-nous à l’arrêter à temps avant que la guerre entre Mages n’embrase tous les continents ?
Magie, oracle et fantôme grincheux : découvre une aventure pleine d’humour et de rebondissements !
2ème volet et fin d’une duologie d’Urban Fantasy.
Recevez par mail une nouvelle inédite dans l’univers d’Oracle, Magie & Co
Jarod Holmes
Nous voilà embarqués dans un jet privé en direction de La Nouvelle-Orléans. Qui aurait pu imaginer une chose pareille il y a quelques jours ? Pas moi en tous cas.
Avant de croiser Sélène dans la boutique ésotérique de sa grand-mère adoptive, j’étais un lieutenant de la police criminelle ordinaire qui enquêtait sur un meurtre perpétré dans son quartier. Meurtre que j’avais relié à une série commise dans toute l’Europe sur les vingt dernières années, dont celui de ma mère. J’espérais enfin trouver une piste valable…
Et quelle piste ! J’ai découvert le monde magique (mais franchement pas idyllique) et l’existence (réelle) des médiums. Je suis tombé comme une brique sous le charme de Sélène – qui voit des fantômes même si elle n’est ni médium ni Mage – et Charlie s’est arrangé pour nous mettre tous les deux sous couverture à Interpol. Ce hacker de génie, mais totalement hors la loi, m’est officiellement rattaché tandis que je suis consultant détaché de la police française pour enquêter sur la série de meurtres.
Le fantôme Dick et Charlie ont rigolé comme des bossus tellement ils ont trouvé hilarant d’être du « bon côté de la barrière » sur le papier. Mais vu les manips de Charlie, ça n’est officiel que de nom !
— Je nous ai déniché un Airbnb du feu de dieu à La Nouvelle-Orléans, m’annonce Sélène. Une maison coloniale typique dans le vieux quartier français. Il y a trois chambres et un patio. Ça a l’air mignon comme tout. Avec surtout, un très grand lit qui semble plus que confortable, me dit-elle avec ses yeux bleus emplis de malice.
— J’imagine que tu l’as choisie parce que c’en est un digne de ma princesse ? Du coup j’espère être à la hauteur, dis-je en ne plaisantant qu’à moitié.
Je suis tombé raide dingue de Sélène, et pas seulement à cause de son physique de poupée « Barbie ». Et même si l’attirance semble réciproque, son caractère provient de son enfance où elle a subi de nombreuses maltraitances. Elle s’est forgé une carapace épaisse qui l’aide à maintenir les gens à distance. Sous des dehors extravertis, elle se méfie de tout ce qui est lien émotionnel sauf avec Sybille.
Je lui laisse donc le temps de me laisser entrer dans son cercle restreint, et de déposer son blindage quand elle se sentira vraiment prête. De ce fait, malgré nos câlins – ou nos « cochonneries », comme se lamente Dick à la moindre occasion – qui sont restés soft, nous n’avons pas vraiment franchi « cette » étape cruciale dans notre relation ; et j’ai quelques angoisses à l’idée de ne pas la combler comme je le désire.
— Arrêtez de penser au sexe, intervient Charlie en levant les yeux au ciel. Vous êtes désespérants. Entre Dimitri et toi, j’ai l’impression d’être un pompier sur la brèche en permanence. Vous allez foutre le feu à la baraque si vous continuez comme ça, et adieu la caution !
— Mais j’espère bien ! s’exclame Sélène en éclatant de rire. Sybille et moi on mérite un vrai feu d’artifice.
— Laisse la petiote en dehors de tes rêves pervers !
— Dick, soupire cette dernière, arrête de te chamailler avec Barbie. Ce n’est pas pervers que de vouloir une belle entente sexuelle avec le partenaire qui fait battre ton cœur.
OK, j’en déduis que le fantôme, que seuls Charlie et moi n’entendons pas, cherche encore des poux à Sélène. Depuis qu’elle l’a qualifié de parasite en comprenant qu’il s’alimentait en énergie à travers sa grand-mère, il a été suprêmement vexé et la traite de « morue ». Ils se chamaillent donc à la moindre occasion comme des chiffonniers – même si je soupçonne qu’ils y prennent le plus grand plaisir, ce qu’ils nieraient avec véhémence – et Sybille joue la juge de paix régulièrement.
— Charlie, dis-je pour changer de sujet. Pendant que les filles iront voir le notaire américain, il faudrait qu’on aille rencontrer le shérif pour éplucher leurs archives. Histoire d’étudier les dossiers de meurtres que tu as trouvés, et essayer de voir si on déterre une piste malgré toutes ces années.
— Ouais, ouais, t’inquiète, je lui ai envoyé un email pour le prévenir de notre arrivée.
— Euh… un mail ? Mais de qui ?
— Ben, du chef d’Interpol. Autant qu’on soit introduit par le grand manitou, non ?
— Mais s’il l’appelle pour lui demander des explications, notre couverture va sauter !
Suite à l’aide que j’ai apportée à Sybille contre les Mages, ces derniers ont manœuvré pour que je sois suspendu de mes fonctions en représailles. Charlie a réussi, par je ne sais quelle entourloupe, à faire en sorte que je sois officiellement affecté à Interpol afin que je puisse continuer à enquêter sur les meurtres perpétrés par ce groupe. Et il en a profité par la même occasion pour s’y mettre aussi avec moi.
— Tu me prends vraiment pour un bleu, grommelle-t-il avec un air boudeur. Quand le Préfet a signé ton transfert, j’ai envoyé un email de sa boîte à celle du directeur d’Interpol à Lyon pour le prévenir que « le lieutenant détaché Jarod Holmes et son expert Charlie Magnus » étaient en mission à sa demande. Donc même si le shérif se renseigne, tout est officiel et légal.
— Tu es vraiment dangereux !
— Que veux-tu, le monde numérique est devenu l’ère du Geek Power ! s’exclame-t-il avec la mine d’un chat devant son bol de lait.
Il a raison en plus et ne trouvant pas d’argument, on profite du reste du voyage. Il faut avouer qu’un jet privé c’est quand même drôlement plus confort qu’Air France, en plus d’être « trop classe ». Mais je ne dis rien pour ne pas encourager Charlie dans sa « délinquance », je suis un flic tout de même !
Dimitri
Cela fait quatre jours que nous sommes arrivés à La Nouvelle-Orléans. Après la découverte émerveillée de la vieille ville, la rencontre avec le notaire local pour authentifier l’identité de Sybille et de Sélène et la location d’un 4×4 tout terrain, nous voici partis pour aller voir ce fameux domaine.
Le clerc a expliqué comment, depuis cent vingt ans, son cabinet gère ce « dossier » qui est devenu une légende dans le coin. Pensez donc, une propriété de quatre hectares qui vaut désormais une fortune, laissée à l’abandon depuis si longtemps, mais avec l’impossibilité de le vendre ou d’y pénétrer, car « hanté » ? Au fil du temps, tous ceux qui ont essayé d’y accéder en sont repartis en courant et à moitié fous, racontant à qui voulait l’entendre que les arbres et les plantes les avaient attaqués ! Il y a maintenant autour de cette propriété une crainte qui fait que les gens évitent de s’en approcher ou même d’en parler !
Dick, à la lecture de la lettre d’Elizabeth, l’ancêtre de Sybille, s’est vraiment demandé s’il n’y avait pas des fantômes qui « hantaient » réellement la maison, et est tout émoustillé à la perspective d’en rencontrer. Car grâce à Sybille, Sélène et moi, il peut désormais les voir et les entendre. Ma magie a « fichu le binz » dans nos auras comme il dit, et nous a permis d’obtenir les capacités des uns et des autres depuis que nous sommes liés. Quand je relis cette lettre, je me dis qu’il a peut-être raison… Car comment expliquer que personne d’autre n’ait pu mettre la main dessus depuis tout ce temps ?
Magnolia House
La Nouvelle-Orléans
1er novembre 1901
Cher Maître de La Salle,
Je vous écris cette lettre avant de quitter la Louisiane, car je dois disparaitre si je veux pouvoir survivre.
Vous ayant aidé, vos proches et vous, je sais que vous êtes un homme bon et ouvert : vous comprenez que je n’ai pas d’autre choix et que ce n’est pas de la théâtralité de ma part.
J’en appelle donc à votre soutien à mon tour.
Ce domaine, malgré mon départ, doit demeurer dans ma famille car ma lignée y réapparaîtra, même si cela prendra du temps. De ce fait, je vous demande de faire ce qui est en votre pouvoir pour le préserver de l’avidité des hommes qui ne sauraient manquer vouloir s’en emparer d’un point de vue légal. Je suis certaine que vous découvrirez une solution pour cela. Quant au reste, ne vous embarrassez pas à entretenir la propriété car celle-ci sera protégée de toute intrusion : seul mon sang pourra y revenir.
Je ne pourrais plus avoir de contact avec vous, jamais, aussi trouverez-vous joint à cette lettre de quoi financer largement vos émoluments pour les années à venir.
Avec tous mes remerciements,
Elizabeth Caldwell
P.S. Ne vous inquiétez pas, les pièces d’or que je vous joins viennent du trésor caché du pirate Jean Laffitte, et vous en tirerez un bon prix à la revente en toute légalité.
Et un trésor de pirate ? Dick, en bon gangster qui se respecte, veut absolument le découvrir, supporté en cela par un Charlie aussi enthousiaste qu’un gamin la veille de Noël.
C’est plongé dans toutes ces pensées qu’après environ trente minutes de route, nous arrivons enfin devant l’entrée du domaine. L’immense grille en fer forgé est évidemment rouillée mais tient toujours debout. Au travers, nous apercevons, au bout de l’allée principale, une maison de style colonial qui semble décrépite mais encore entière. C’est incroyable car nous nous attendions vraiment trouver des ruines depuis tout ce temps à l’abandon !
— Je devrais rentrer en premier, dis-je en regardant Sybille. Même s’il y a des fantômes, désormais je peux les voir et les entendre aussi bien que toi, grâce à la fusion de nos auras avec celles de Dick et de Barbie. Ça plus mon sort d’invisibilité, Il n’y a pas de réel danger pour moi.
Nous avons réalisé qu’au fur et à mesure du temps, avec nos auras liées, nous acquérons et partageons nos pouvoirs respectifs. Sybille entendait les fantômes, Sélène les voyait, Dick savait absorber de l’énergie et moi… ma magie a combiné tout ça ensemble.
— Pour l’instant je ne vois ni n’entends rien, dit Sélène. Rentrons tous ensemble, comme ça tu n’es pas seul et nous, nous accompagnons « le sang d’Elisabeth » ?
— C’est un bon compromis, dis-je aussitôt pour que Sybille n’essaie pas d’y entrer seule tout de même. Je vais aller ouvrir la grille.
Remontant dans le 4×4 pour aller jusqu’à la maison, nous restons devant la porte en envoyant Dick en éclaireur. Comme l’a si bien fait remarquer Sélène : « À quoi ça sert d’avoir un fantôme s’il ne se rend pas utile en effectuant un repérage ? ». J’en profite pour admirer le porche qui coure sur toute la façade de la bâtisse : la bordure de colonnes en bois est sculptée avec une grande finesse.
— Y’a rien petiote, annonce Dick à Sybille en revenant. Je viens de faire un tour mais les pièces sont vides. Y’a un grand salon et une cuisine au rez-de-chaussée avec un bureau et des chambres à l’étage. J’ai pas trouvé de sous-sol mais vu qu’on est sur d’anciens marécages, c’est pas étonnant.
— Quand faut y aller, faut y aller, déclare Charlie en ouvrant la porte.
L’atmosphère est relativement fraîche et ne sent pas le renfermé comme on pourrait s’y attendre. Ah, il y a des interstices ajourés entre les fenêtres et les portes pour la circulation de l’air. Mon regard fait le tour de la pièce qui devait être le salon et…
— Bordel, mais d’où il sort celui-là, il était pas là il y a deux secondes ! s’exclame Dick tandis que Sybille, Sélène et moi nous nous figeons à la vue de…
— Elizabeth… murmure un homme l’air totalement ahuri et en même temps émerveillé en dévisageant Sybille avec intensité. Tu me vois maintenant ?
— Je m’appelle Sybille et Elizabeth est mon ancêtre, lui répond-elle d’une voix douce. Qui êtes-vous ?
— Je savais que cela ne pouvait être toi Elizabeth mais pendant une seconde, je me suis laissé aller à espérer…
Comme sortant d’une transe, l’homme se reprend.
— Je m’appelle Jean Laffitte junior et suis le gardien d’Elizabeth, enfin étais. Et vous êtes bien de son sang, sinon vous ne communiqueriez pas avec moi, sans parler du fait que vous êtes son portrait craché ! C’est une joie immense et une douleur douce-amère que de vous regarder… Mais cela veut dire que le temps est enfin venu ! Ce sera une grande délivrance ; les années sont interminables quand vous êtes seul avec vos souvenirs comme uniques compagnons…
Vu son nom, cet homme doit être un descendant proche du fameux pirate du Bayou : d’où le trésor ! Il semble jeune, une vingtaine d’années et à la grande déception de Dick, ne porte pas une tenue géniale digne de son rang. Mais bon, tout le monde n’a pas un code vestimentaire spécifique comme un gangster de Chicago qui ne jure que par un costume trois pièces et un borsalino.
— Depuis combien de temps êtes-vous là si vous l’avez connue ? Comment avez-vous fait pour résister à l’appel du Tout Infini sans repartir vers La Source ? demande Sybille.
— Vos compagnons ne semblent pas surpris de vous entendre parler dans le vide ? demande-t-il avec un air intrigué.
— Hé, Duschmol, on te voit et on t’entend aussi, réplique Sélène avec sa diplomatie habituelle. Donc arrête de faire comme si on était pas là et raconte l’histoire.
Le fantôme, car c’en est forcément un, sursaute aux paroles de Sélène et nous dévisage tour à tour, quand je décide de lever mon sort d’invisibilité.
— Comment est-ce possible ? Je ne vois pas votre aura, vous n’êtes donc pas médium. Et seules les femmes sont médiums, donc comment ces hommes peuvent-ils aussi partager ce don ? demande-t-il à Sybille en nous désignant, Jarod, Charlie et moi.
— Dimitri et Barbie sont les seuls à vous percevoir car nos auras sont liées, répond Sybille et…
— Et moi petiote ? Je compte pas pour du beurre ! s’exclame Dick vexé.
— Et Dick, le fantôme avec lequel j’ai fusionné aussi, ajoute-t-elle précipitamment parce qu’un Dick vexé, est un Dick rancunier – et difficile à gérer.
— Charlie et moi ne vous voyons pas et ne vous entendons pas, mais nous connaissons l’existence d’une autre réalité, complète Jarod. Les filles nous relaient systématiquement toutes les informations nécessaires ainsi que les « conversations » quand il y a besoin.
— Par le saint Mississippi ! Et moi qui croyais avoir tout vu après ces nombreuses années !
— Ben voyons… L’arrogance des hommes, pfff ! Bon, tu la craches ta valda, reprend Sélène, plus impatiente que jamais. On a le temps de sécher sur place avant que tu nous donnes une info utile !
— Peut-être pourrions-nous nous asseoir afin que vous nous racontiez votre histoire, coupe Sybille afin de calmer le jeu face à l’air consterné de Jean Lafitte junior.