Licorne, Merlin & Cie

Licorne, Merlin & Cie

Description

Moi, c’est Sélène, aka Barbie. Bon, j’ai appris que je suis une fée et que j’ai hérité de deux licornes sorties de nulle part. Mais l’Univers a-t-il pensé à me donner un mode d’emploi ? Bien sûr que non, sinon c’est pas drôle. Me voilà donc en train d’essayer de comprendre mes pouvoirs et le rôle de ces fichus canassons.
Comme si ce n’était pas suffisant, des disparitions inquiétantes nous ramènent à Brocéliande, berceau de mon passé mystérieux… et dangereux ?
Les légendes ont-elles toujours un fond de vérité ? Est-ce que ce voyage depuis la Nouvelle Orléans nous permettra d’envisager un réel avenir dans tout ce chaos magique et féerique ?
Spin-off d’Oracle, Magie & Co : découvrez un monde de légendes revisitées via l’Urban Fantasy !

Ce tome peut être lu même si vous ne connaissez pas la duologie Oracle, Magie & Co : qui sait, cela vous donnera peut-être envie de découvrir également cette dernière pour comprendre comment les héros en sont arrivés là.

INFORMATIONS

Editeur : Sunny TAJ Editions
Langue : Français
Format : A5 Broché – 258 pages
ISBN-13 - Relié : 9782958478711
ISBN-13 - Broché : 9782958478704
Poids : 454 g.
Dimensions : 15.24 x 1.5 x 22.86 cm
Infos complémentaires : Série : Oracle, Magie & Co
EXTRAIT

Sélène (aka Barbie)

 

Sur le chemin menant aux cultures, je croise les licornes… qui semblent m’attendre ? Pourtant il n’est que 7 h00 du matin.

— Dis donc, poupée, c’est bizarre qu’elles soient déjà là, non ? demande Charlie aussi perplexe que moi. C’est la première fois qu’elles se montrent avant 11 h00.

Ma SBFF m’appelle Barbie, et du coup Charlie a décrété que comme il était lié à moi, j’étais également sa poupée. À mon grand dam, mais comme il est un fantôme, je ne peux pas lui taper dessus quand il m’appelle comme ça juste pour m’énerver.

Pourtant, là, ce n’est pas de l’agacement que je ressens mais bien de l’inquiétude lorsque j’observe les bêtes en m’approchant d’elles…

Toutefois, quand je les rejoins, elles se contentent de me suivre et de rester à côté de moi pendant que je tiens le panier dans lequel Charlie fait voler les fleurs qu’il coupe. Son pouvoir de se matérialiser dans la matière, en particulier avec tout ce qui est végétal, est quand même bien pratique.

Le parfum des magnolias est envoûtant tout en étant apaisant, et je hume les fragrances avec plaisir en fermant les yeux pour profiter de la sérénité du moment.

— Aïe ! Mais ça va pas, non ? glapis-je en sentant des dents sur ma main.

Face à moi, les licornes sont en train de boulotter les fleurs. Prestement, je recule en protégeant le panier de leur appétit vorace, mais rien n’y fait. Elles continuent de me suivre en essayant de choper les pétales qu’elles s’empressent d’engloutir.

— Mais qu’est-ce qu’ils ont encore ces fichus canassons ? s’exclame Dick qui nous a rejoints. Nom d’un caïd, fais quelque chose la morue ! Elles bouffent tout, là…

— Merci Gangster, je n’y aurais pas pensé toute seule, ragé-je contre ce fantôme qui me pourrit la vie à la moindre occasion. Comme si je pouvais contrôler ces bestioles ! D’habitude, elles ne veulent que leur ration de carottes quotidienne, mais là, je ne comprends pas ce qu’il leur prend.

— Elles ont peut-être besoin d’énergie ? suggère Charlie qui soulève le panier dans les airs pour le mettre hors de portée de ces prédateurs à quatre pattes.

C’est vrai que les magnolias sont des plantes réputées pour décupler la circulation de l’énergie, et celles-ci tout particulièrement compte tenu de leur spécificité.

Mais pourquoi maintenant, alors que cela fait des mois qu’elles sont là et que les licornes n’y ont jamais prêté le moindre intérêt ? Je me réfugie aussi vite que possible dans la véranda de la maison principale pour saisir le saladier de carottes préparé la veille. Comprenant à mon geste que je retourne voir les licornes qui m’observent toujours, les enfants, attablés pour le petit déjeuner, se lèvent d’un bond pour m’accompagner.

Notre rendez-vous quotidien avec elles est un moment privilégié pour eux, et s’il y en a deux aujourd’hui, ils ne vont pas s’en plaindre. En plus, cette semaine, nous allons avoir notre véritable première célébration tous ensemble, Halloween étant la fête magique pour les enfants par excellence. Donc, ils sont excités par tout, tout le temps. Dimitri travaille sur des sorts d’illusion plus vrais que nature tandis que nos fantômes vont donner un coup de main pour animer la chasse aux bonbons dans le parc que j’ai planifié avec soin. Je me suis bien creusé la tête d’ailleurs en mettant au point tout un tas d’énigmes et un tableau de points pour pimenter la course. Tout le monde est donc impatient à l’idée de s’amuser en toute insouciance.

D’autant plus qu’ensuite, on aura une grande célébration de Noël qui sera encore plus fantastique. Avec décoration dans le parc et jeu du père Noël secret. Je sais que chacun prie pour ne pas tomber sur le gangster lors du tirage au sort, ce qui donne lieu à des tractations sous le manteau pour échapper à cette éventualité. Peut-être est-ce mon passé de barmaid dans des lieux branchés de Panam qui veut ça, mais j’aime faire la fête à la moindre occasion. Entre les travaux de rénovation du domaine et notre installation, la dernière remonte à nos mariages au printemps dernier. Donc, j’ai pris les choses en main de ce côté-là, et les gosses ont bien compris que pour s’amuser, c’était moi le chef d’orchestre.

Il faut dire que l’échange de nos vœux a donné lieu à une super belle fiesta où nous avons partagé notre bonheur d’être vivants et libres, avec simplicité, mais authenticité. Même le gangster n’a rien trouvé à redire sur la cérémonie que j’ai organisée avec l’aide de Charlie – alors que sa mission dans la vie, enfin dans la mort, est de me pourrir dès qu’il le peut!

— Sélène, viens-vite ! m’appelle Léto, une de nos pensionnaires.-

Oui, oui, j’arrive. On n’est pas aux pièces non plus, hein?

Toutefois, aujourd’hui les licornes semblent vraiment m’attendre de pied ferme – enfin sabot. D’ailleurs, elles me prennent immédiatement en étau entre elles afin que je leur offre le panier contenant leurs friandises. Je suis toujours émerveillée par la douceur de leur pelage : on dirait un nuage surmonté d’un arc-en-ciel – enfin c’est ce que j’imagine.

Tiens, cette fois-ci, en retirant ma main, je remarque comme des petites paillettes ? Avec précaution, je les brosse légèrement et celles-ci volent dans l’air en accrochant la lumière du soleil avant de retomber au sol. Pendant leur course, c’est comme si un arc-en-ciel prenait vie dans chaque petit éclat lumineux.

— Magnifique ! s’écrient les enfants rassemblés à quelques mètres.

Par réflexe, je repousse une mèche folle de mes cheveux longs. Quelques paillettes restées sur ma main s’accrochent à ma chevelure de Barbie, comme m’appelle Sybille.

— Oooh, tu es enveloppée par un arc-en-ciel ! s’exclament-ils en chœur.

Ah bon ? Comme ça ferait une jolie photo pour notre site, je demande à l’un d’eux de m’immortaliser avec les licornes et le soleil dans le ciel. L’Oracle de la Pythie 2.0 servant de vitrine pour toutes les potions que Sybille apprend à faire à nos pensionnaires, j’essaie toujours de trouver des illustrations renforçant l’image mystique de notre business dans l’imaginaire de nos clients. Évidemment, les gens penseront que c’est un photomontage particulièrement réussi et cela devrait booster les ventes lorsque je la publierai. Pour un philtre de bien-être, par exemple.

Les enfants sont toujours stupéfaits par le fait que des humains nous passent des commandes, mais ils ont compris que c’était une autre voie pour les aider à s’intégrer dans un monde qui n’est pas le leur. Ce qui ne les empêchera pas de tout de même s’y épanouir. Du coup, ils m’aident toujours à créer de jolis visuels et certains se révèlent très doués avec un appareil photo.

Évidemment, une fois qu’elles ont vidé le panier, les licornes repartent dans le parc sans nous prêter la moindre attention, pfff…

Revenant tranquillement sur mes pas, je rejoins ma SBFF tandis que les enfants essaient de suivre les bestioles à corne. En vain, comme d’habitude, mais c’est un jeu qui leur permet d’aiguiser leur réflexe de traque, selon Dimitri.

Toutefois, à peine arrivée, je n’ai pas le temps de me servir un café que la sonnerie du téléphone me fait sursauter. Le pressentiment qui me saisit à ce moment-là n’est pas bon signe. Et ma SBFF le comprend rien qu’à ma tête…

— Allô ? répond Sybille en mettant le haut-parleur afin que je puisse suivre. Oh, bonjour, Monsieur le Préfet. Comment allez-vous de si bon matin ?… Pas bien ? Je suis navrée de l’entendre…

Évidemment, compte tenu du décalage horaire avec la France, et vu comment il semble inquiet, il n’a pas dû prêter attention à l’heure chez nous. On aurait dû se douter que même si nous avions traversé l’Atlantique, il n’hésiterait pas à avoir recours à nos services si besoin était. Il faut dire que Grand-Mère l’a tiré d’affaire à plusieurs reprises dans des cas épineux qu’elle a été la seule à pouvoir résoudre grâce à ses tirages de cartes. Et comme il nous a quand même bien aidés quand on en a eu besoin dans l’affaire des Mages, on se sent un peu redevables.

— Pouvez-vous m’en dire plus ? poursuit Sybille. Le moindre détail compte et m’aidera à me focaliser sur le tarot lors de ma lecture…

Je prends des notes avec soin et elle n’a même pas encore raccroché qu’elle sent une vibration la parcourir. Hum, autant dire que le jeu de tarot Le Petit Lenormand l’appelle avec force.

— Je vous rappelle dès que j’en sais plus, Monsieur le Préfet. Et… euh, j’espère que vous allez retrouver votre ami. Au revoir.

— Je t’accompagne et je retranscrirai tout ce que tu diras, lui assuré-je sans pouvoir masquer totalement mon inquiétude après qu’elle eût raccroché.

Car lors de ses tirages, elle est totalement « habitée » par les cartes, au point de ne pas se souvenir de ce qu’elle voit par la suite. Mais elle ne comprend pas mon air soucieux pour autant.

— Pourquoi fais-tu cette tête, Barbie ? L’énergie de ton ancêtre tuée dans le bureau a été nettoyée depuis longtemps, mais si tu y es encore mal à l’aise, on peut aller ailleurs, tu sais.

Autant je ne pouvais pas mettre un pied dans la maison au début à cause de l’énergie de mort qui y régnait, autant ce n’est plus un problème maintenant que nous avons levé le charme de protection qui avait été posé par mes ancêtres fées.

— Ce n’est pas ça…

— Ah, c’est ton instinct qui te titille ? Que te dit-il, Barbie ?

— Que les emmerdes arrivent, réponds-je lugubre. Et je vais pas aimer ça…

Ce n’est pas pour la rassurer, car même si je ne sais pas exploiter mon pouvoir de fée, j’ai toujours eu un radar interne qui s’est révélé infaillible pour sentir venir les ennuis.

Aurait-elle dû refuser la demande du préfet ? Sans le savoir, a-t-elle enclenché une nouvelle catastrophe ? Alors que nous nous remettons à peine de la dernière et avons enfin trouvé notre rythme de croisière, comme elle dit. Je vois bien que ses pensées se bousculent dans sa tête tandis que nous nous installons dans le bureau où elle va faire son tirage.

Un tableau de neuf cases cette fois-ci, m’explique-t-elle. Comme d’habitude, les cartes sautent quasiment toutes seules du paquet, tant le jeu veut lui parler, et elle est prise dans le vortex des visions qui lui arrivent pour interpréter le jeu. Fébrilement, je reporte la moindre de ses paroles sur mon bloc-notes.

— Fusion sous la lune… Monde caché oublié… Pacte avec l’archer… Voyage avec les forces ancestrales… Remonter aux temps obscurs… Libérer le cœur scellé… Sacrifice pour restaurer le cycle de la Nature… Relier les flux de l’Univers… Équilibre retrouvé…

Prise dans le flux de sa vision, elle subit tout le flot d’interprétations qui la traversent au point de tomber de sa chaise et de s’écrouler au sol, le corps rigide et pris de tremblements.

— Sybille ! m’écrié-je en me précipitant vers elle. Charlie, alerte générale !

Je ne sais pas où est mon fantôme, mais on a réalisé qu’il pouvait entendre ma voix même à l’autre bout du domaine. Donc je ne doute pas qu’il va prévenir tout le monde. Sybille essaie de me répondre, mais est prise de haut-le-cœur : sa vision doit franchement être coton pour avoir un tel effet sur elle…

— Qu’est-ce qu’il s’est passé, la morue ? demande Dick énervé. Je peux pas te laisser avec ma petiote sans que vous fassiez une bêtise toutes les deux ?

— Hé, oh, j’ai rien fait du tout, moi ! Elle a eu une lecture trop intense…

Ce qui est un euphémisme. Vu que son corps est raide et tremblant, je ne suis pas rassurée du tout.

— Respire, Sybille ! la supplié-je en prenant sa tête sur mes genoux. Concentre-toi sur ma voix !

— Mais qu’est-ce que c’est encore que cette histoire ? bougonne Dick. Parce que tout ça, c’est ta faute, la morue, j’en suis sûr.

— Allons, Gangster, intervient Charlie, tu sais pertinemment que jamais ma poupée ne ferait un truc qui nuirait à ta petiote. On a tous eu peur, mais regarde, elle semble se détendre. Il faut juste qu’on trouve une solution pour qu’une telle réaction ne se reproduise pas.

Finalement, Sybille sombre dans l’inconscience.